Une guerre coloniale au coeur de l’Europe

samedi 26 février 2022
par  Franck SCHWAB
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Les leçons de l’Histoire ...

"L’envoyé spécial de la British United Press qui, depuis plusieurs jours déjà, était installé au quartier général des troupes italiennes rassemblées face à la frontière éthiopienne à quelques kilomètres au sud de Senaffe, télégraphie que l’avance italienne en territoire purement éthiopien a commencé ce matin jeudi 3 octobre, à six heures trente. [...] Les premières troupes d’infanterie italienne qui ont pénétré en territoire éthiopien ont traversé la rivière Mareb, qui marque la limite des frontières entre l’Erythrée et l’Ethiopie. L’avance eut lieu au petit jour. Elle fut suivie une demi-heure plus tard par le gros des forces italiennes. Par ailleurs, un télégramme d’Addis-Abeba, parvenu à Londres à dix heures quarante-cinq, annonce que le ministre de la guerre éthiopien a été informé que le district d’Adoua avait été bombardé par l’aviation italienne et que le Négus avait adressé immédiatement une énergique protestation au conseil de la S.D.N." pouvait-on lire à la Une du Figaro, le 4 octobre 1935, sous le titre "Premières opérations militaires en Ethiopie".

Le drame qui se passe aujourd’hui à l’est de l’Europe est-il si différent de celui qui se produisait alors en Afrique orientale ?

Même volonté de puissance, même guerre d’agression, même absence de justification, même asymétrie des moyens militaires en présence, même mépris à l’égard du peuple agressé et de ses dirigeants, même objectif final d’asservissement d’un peuple par un autre.

Car le peuple ukrainien existe tout autant que le peuple éthiopien. Seul, Monsieur Poutine ne le sait pas.

La prise d’Addis-Abeba, le 5 mai 1936, par les troupes italiennes marqua la fin "officielle" de la guerre en Afrique de l’est, Mussolini faisant proclamer quatre jours plus tard Victor-Emmanuel III "Empereur d’Ethiopie". Mais les combats se poursuivirent de manière plus ou moins larvée jusqu’à la fin de l’occupation fasciste et le pays ne fut jamais véritablement "pacifié".

Nul doute que la prise de Kiev par les troupes de Vladimir Poutine, et la probable nomination qui suivra d’un nouveau "président" à sa dévotion, ne rétablira pas plus le calme en Ukraine.

Car le temps des Empires coloniaux est bien fini. Et seul le président russe - qu’il ne faut pas confondre avec son peuple - ne le sait pas non plus.

A nous Européens, de méditer les propos tenus à Genève, le 27 juin 1936, devant la Société des Nations par l’empereur éthiopien déchu, Hailé Selassié : " J’ai décidé de venir en personne, témoin du crime commis à l’encontre de mon peuple, afin de donner à l’Europe un avertissement face au destin qui l’attend si elle s’incline aujourd’hui devant les actes accomplis."

C’était trois ans et deux mois avant le commencement de la Seconde Guerre mondiale.


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