« La flotte, placée sous le commandement de l’amiral Villaret-Joyeuse, quitte Brest le 14 décembre 1801 et arrive dans la baie de Samana le 29 janvier 1802 » nous dit l’article « Saint-Domingue » du Dictionnaire Napoléon de Jean Tulard, la Bible toujours indépassée des Napoléonophiles.
Cette flotte, qui transportait le corps expéditionnaire du général Leclerc, avait pour mission, dixit le Premier Consul, « de faire respecter dans Saint-Domingue les droits de la métropole », en fait d’y rétablir l’esclavage, en même temps que dans la Guadeloupe voisine où d’autres troupes étaient également envoyées.
« Les hommes que je combats sont braves et fanatisés, écrit Leclerc à son beau-frère Davout le 27 septembre 1802. L’arrêté du général Richepanse, qui rétablit l’esclavage à la Guadeloupe, les a tous insurgés. Ils se font tuer plutôt que de se soumettre et ils ne tuent que ceux que la maladie [la malaria] a épargnés ».
La même année 1802, en métropole, moins de trois ans après son coup d’Etat, Bonaparte se faisait désigner, par plébiscite, Consul à vie de la République française à la manière d’un vulgaire potentat africain du temps présent.
Est-ce l’homme dont il fallait vraiment commémorer la mémoire l’an passé ? Et pourra-t-on en 2022, quand on fait de la politique et que l’on prétend à la magistrature suprême, saluer une république minorée ("Vive la République, et surtout Vive la France") tout en se réclamant fièrement de la mémoire de cet individu ?
En tout cas, si l’histoire de Napoléon doit absolument être enseignée à nos enfants, la défense des idéaux républicains nous empêche - nous enseignants d’histoire-géographie - de nous en faire les plats laudateurs en cette nouvelle année 2022 qui commence, comme hier dans la précédente et comme demain dans les suivantes.
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