Dans un débat tenu sur Cnews le 23 mars dernier avec Gilles-William Goldnadel, Julien Dray - pourtant fondateur de SOS Racisme - a été incapable de dénoncer le concept de "racisme anti-blanc" défendu comme une évidence par son contradicteur.
Pire, même, il a donné l’impression de l’avoir avalisé d’entrée sans même tenter de le contester.
Le professeur d’Histoire-Géographie, chargé aussi très souvent de l’enseignement de l’Education civique dans ses classes, se sent donc modestement obligé de rappeler que le racisme est à la fois une idéologie et un système qui - hors contexte colonial - est toujours imposé par une population majoritaire sur une population minoritaire.
C’est une idéologie puisqu’il postule l’inégalité des "races" ou/et des civilisations pour des raisons biologiques et/ou culturelles, les membres des "races" ou des civilisations "supérieures" s’arrogeant le droit d’imposer leur volonté aux peuples "inférieurs".
C’est un système puisqu’il se caractérise par toute une série de discriminations sociétales "légales" ou illégales, ouvertes ou cachées, comme cela s’est produit en Afrique du Sud au temps de l’apartheid, mais aussi dans les Etats du Sud des Etats-Unis avant le mouvement des droits civiques, dans l’Empire tsariste avant 1914 ou dans la si tristement connue Allemagne nazie après 1933.
Mettre sur le même pied ce racisme idéologique et de domination systémique avec le "racisme anti-blanc" occasionnel d’un arabe ou d’un noir, très souvent marginalisé socialement, qui détesterait les blancs parce qu’ils sont blancs apparait donc comme une absurdité aussi bien logique qu’historique et politique.
Elle pourrait mener - si elle était conduite jusqu’au bout - à justifier les mesures prises par les nazis contre les juifs dans l’Allemagne des années trente au motif qu’un certain nombre d’entre eux - à commencer par Herschel Grynspan - faisaient preuve d’un "racisme anti-aryen" avéré à l’égard de la population majoritaire !
Le discours de l’extrême-droite, derrière son apparente évidence, est totalement stupide.
Il est très inquiétant qu’à l’occasion de ce débat, Julien Dray ne l’ait pas vu, ou n’ait pas pu le voir, et que trois jours plus tard, sur la même chaîne et sur le même sujet, un autre homme politique, Fabien Roussel, soit tombé dans le même panneau et ait été victime du même aveuglement.
Comment la République "démocratique et sociale" (article 1 de la constitution) pourra-t-elle survivre aux multiples dangers qui la menacent si les responsables politiques qui sont censés la défendre ne montrent plus qu’une connaissance aussi médiocre des valeurs qui la constituent ?
Franck Schwab
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