La collaboration des femmes reste encore souvent aujourd’hui dans l’opinion limitée aux affaires de dénonciations anonymes et de relations sexuelles, intéressées ou non, avec l’occupant.
Mais comme nous en avertit ce livre dès sa couverture, illustrée par une photo de jeunes miliciennes en uniforme défilant devant les Invalides, la collaboration des femmes a pris aussi des formes bien plus conscientes et engagées qu’on ne le pense généralement, à ceci près qu’elle est restée beaucoup moins visible que celle des hommes.
L’ouvrage met ainsi en scène des femmes impliquées dans tous les domaines de la collaboration, que celle-ci ait été mondaine, intellectuelle, artistique, administrative, journalistique, politique, économique, policière ou même "familiale" à travers le cas des épouses et filles de collaborateurs connus sur lesquelles les historiens se sont rarement interrogés.
De manière concise, mais en allant toujours à l’essentiel, les auteurs dressent un vaste panorama de la collaboration féminine en partant des cas les plus connus (Arletty ou Chanel, par exemple) pour sonder, dans un deuxième temps, la masse du "tout-venant" des collaboratrices.
Le bilan est édifiant : qu’elles aient été anonymes ou célèbres, désintéressées ou vénales, réfléchies ou immatures, tapageuses ou discrètes, entraînées ou motrices, en rupture de ban ou solidaires de leur famille, coupables avérées ou victimes de la rumeur, la liberté exceptionnelle dont les femmes ont bénéficié durant cette triste période ne les a pas conduites à mieux se comporter que les hommes. Les résistantes n’en eurent donc que plus de mérite !
L’ouvrage constitue une très bonne porte d’entrée dans l’histoire des "années noires" vues sous l’angle du deuxième sexe.
Franck Schwab
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