Le 16 mai 1945, onze jours après leur libération par l’armée américaine, les déportés rescapés du camp de concentration de Mauthausen prêtaient, sur la place d ’appel de leur supplice, le serment suivant :

« Le séjour de longues années dans les camps nous a convaincus de la valeur de la fraternité humaine. Fidèles à cet idéal, nous faisons le serment solidaire et d’un commun accord de continuer la lutte contre l’impérialisme et les excitations nationalistes. [...]

Nous suivons un chemin commun, le chemin de la compréhension réciproque, le chemin de la collaboration à la grande oeuvre de l’édification d’un monde nouveau, libre et juste pour tous. »

Tant qu’ils ont vécu, les survivants des camps nazis s’en sont tenus sans angélisme mais fermement à ces principes comme à ce programme.

Car ils savaient bien, eux, à quoi avaient pu conduire les "excitations nationalistes" des partisans de toutes les droites dites "nationales", de toutes les "vraies droites" d’hier et d’aujourd’hui, qui prétendent laver plus blanc que blanc et qui s’arrogent d’autorité le patriotisme pour mieux le trahir avec le premier occupant venu.

Car ils savaient bien, eux, que pour espérer vivre dans un monde "libre et juste pour tous", la fraternité humaine ne se divise pas, ne se retranche pas, ne se fragmente pas, que "l’étranger" est aussi notre frère et que la xénophobie est un poison mortel qui ouvre la voie au racisme et à la guerre sans fin de tous contre tous.

Car ils savaient bien, eux, qui était leur ennemi dans le champ politique français, les changements de contenant et d’étiquette ne les ayant jamais abusés sur la nature du contenu proposé à la vente par les traditionnels marchands de haine.

Que le souvenir de leur combat reste éternellement dans nos mémoires !

Franck Schwab
Ancien président de la Régionale de Lorraine de l’APHG
Ancien membre du comité départemental d’organisation du CNRD et de son jury académique