L’ouvrage présente quelques moments clés de la politique coloniale française en Afrique du nord et au Levant.
Ils sont censés illustrer la profondeur du passé conflictuel qui existe entre la France et le monde arabo-musulman, l’expédition de Bonaparte en Egypte apparaissant pour l’auteur comme "matricielle".
Ce dernier semble voir dans le colonialisme français l’origine de tous les problèmes qui se posent aujourd’hui entre la République et ses citoyens de confession musulmane ("Ne pas apparaître comme un harki de l’islam : cette réticence est un obstacle majeur à l’émergence d’un islam qui prendrait ses distances avec la version littéraliste et identitaire dominante" ose-t-il écrire.)
Nous ne sommes guère dans la nuance ici.
Car s’il est évident que le colonialisme a été un féroce système de domination et d’exploitation, s’il est évident aussi que l’islam a constitué un refuge identitaire et politique pour une partie des populations colonisées d’Afrique du nord, est-il vraiment sérieux de prétendre que seul l’islam le plus régressif a profité de la confrontation entre Occident et Orient ?
Ou, pour le dire autrement, est-il vraiment sérieux d’établir un lien direct entre Napoléon et Daech ?
D’autre part, même si l’ouvrage ne veut être qu’un essai, et même si une courte bibliographie accompagne chacun de ses chapitres, il est néanmoins dommage - vu le grand nombre de citations fournies - qu’il se passe de tout appareil de notes.
Au total, un un travail manifestement trop vite réalisé qui, quoi qu’il s’en défende, appartient bien plus au "militantisme de la repentance" qu’à l’histoire proprement dite.
Franck Schwab
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